Pourquoi se laisse-t-on manipuler ?

Pourquoi se laisse-t-on manipuler ?

Manipulateurs, harceleurs, violeurs et pervers narcissiques (PN pour les intimes) ont le vent en poupe. A en croire la presse et les réseaux sociaux, ‘’l’autre’’ (le mâle, surtout….) serait un prédateur potentiel, prêt à nous mettre sous sa coupe ou à nous violenter. Il est gentil et plein d’attentions ? Attention, c’est suspect ! Ou c’est un faible… Son niveau de testostérone est trop visible ? Vite, fuyons ! C’est sûrement une brute. Il a le regard ardent ? C’est un obsédé…
A vouloir scinder le monde en 2 catégories, les gentils d’un côté et les méchants de l’autre, nous prenons le risque de nuire aux relations que nous entretenons avec autrui. Or, pour exister, nous avons besoin d’entretenir des relations. Et c’est parce qu’il est vital pour nous d’avoir des relations avec les autres que cela comporte de forts enjeux et qu’il est nécessaire de comprendre les mécanismes de la manipulation.

Pour qu’il y ait un manipulateur, il faut un manipulé.

Nous sommes tous à la fois manipulateurs et manipulés. La majorité des manipulations ordinaires n’a pas de grandes conséquences. Si je me montre aimable avec ma gardienne d’immeuble pour entrer dans ses bonnes grâce, ou si je m’habille pour plaire à mon homme, cela ne fait pas de moi un être pervers et ma gardienne, de même que mon homme, se seront pas dupes de mon manège (mon homme pourrait même apprécier… :-)). Le danger apparaît lorsque ces manœuvres deviennent systématiques et se transforment en violences psychologiques. Sans aller chercher le pervers narcissique, il suffit d’observer autour de nous : conjoint, famille, collègues peuvent nous pourrir la vie au quotidien. Mais sommes-nous irréprochables ? Soyons clairs, dès lors que nous entrons dans la moquerie, la culpabilisation, l’interprétation, la ridiculisation ou le mensonge, nous entrons dans la manipulation. Et lorsque nous cédons à la provocation, nous acceptons le risque d’être manipulés.

Susan Forward, psychothérapeute américaine, auteur de ‘’Le Chantage Affectif’’, apparente certains manipulateurs à des ‘’maîtres chanteurs’’ qu’elle distingue en 4 types : le bourreau, qui menace de vous punir (« Si tu me quittes, tu ne verras plus les enfants ») ; le flagellant, qui retourne la menace contre lui-même (« Si tu me quittes, je me suicide ») ; le martyr ou l’éternelle victime, qui brandit sa souffrance (« Comment peux-tu faire cela à ta mère ? ») et le marchand de faux espoirs, qui vous fait miroiter un avenir prometteur si vous répondez à sa requête (« Si tu acceptes de monter cette affaire avec moi, tu gagneras énormément d’argent »).

Et pour peu que la formule face mouche, trouvant une résonnance dans notre vécu, nous acceptons de nous soumettre à la demande de l’autre.

Assoiffées d’amour et d’attention, nous voulons nous montrer sous notre meilleur jour et prouver que nous sommes dignes de l’intérêt que nous porte notre entourage.  Pour ce faire, nous adoptons des comportements qui répondent aux attentes de l’autre, mais qui ne reflètent pas toujours qui nous sommes en réalité.

 Se libérer de la culpabilité

Sans même nous en rendre compte, nous entrons dans le jeu de l’autre parce qu’il sera moins douloureux d’accepter un compromis que d’assumer pleinement une part de nous que nous voudrions cacher ou de revivre un événement déplaisant.

Capucine, 32 ans, fille unique culpabilisait de n’être pas la fille parfaite dont ‘’rêvait’’ sa mère. « Je me suis interdit de réussir parce que je voulais que ma mère m’aime » nous raconte-elle. « Quand mon père est parti, la laissant seule avec une gamine de 6 ans, elle a reporté sa colère et sa frustration sur tout le monde et sur moi en particulier parce que je lui rappelais mon père et son mariage raté. Petite, j’aurais fait n’importe quoi pour qu’elle me parle, me prenne dans ses bras, me trouve jolie… pour un regard ou un mot d’encouragement. Ca n’est jamais arrivé. Tout ce que je faisais était ‘’nul’’. Plus tard, ça a été pareil pour mon travail, ma façon de m’habiller, de parler, mes amis… tout… Si je me révoltais, elle menaçait de se laisser mourir, m’accusait d’être méchante, de ne pas l’aimer. On s’engueulait, je rentrais chez moi et je me sentais anéantie, égoïste, coupable… Et puis j’ai pris conscience que quoi que je fasse, ce serait toujours ‘’nul’’. Pour que le départ de mon père et ses échecs ne soient pas de ‘’sa faute’’, pour qu’elle puisse s’aimer un peu, il fallait que les autres soient comme elle… Alors je lui ai dit que je l’aimais, mais je ne voulais plus de ce type de relation. Que je ne répondrai plus à ses critiques et à ses tentatives d’humiliation. J’ai arrêté de jouer… Ca n’a pas été facile. J’ai vraiment pris sur moi, mais je l’ai fait ! Et même si nos relations ne sont pas géniales, au moins elles se sont apaisées et je vis ma vie sans tenir compte de ce qu’elle dit ou pense. Je m’autorise à être moi-même parce que j’ai enfin compris pourquoi je n’allais pas au bout de ce que j’entreprenais. Inconsciemment, je m’interdisais d’avoir ce que elle n’avait pas pu avoir… ».

Quand Capucine a compris qu’elle se laissait manipuler, elle a cessé de culpabiliser et a pu dire paisiblement ce qu’elle avait à dire et elle a pu reprendre sa vie en main.

Des jeux… pas si drôles

La plupart du temps, au lieu d’établir une véritable communication, de dire ce que nous ressentons et de baser nos propos sur des faits concrets, nous préférons les enrober dans ce qui nous paraît acceptable pour obtenir de l’autre de l’amour, de la reconnaissance, de l’attention, de l’aide…

Au lieu de dire « Je me sens seule et j’ai besoin d’attention. J’aimerais que l’on passe cette soirée ensemble », nous disons « Tu n’es jamais là ! Tu te fiches de ce que je suis ! ». Nous attaquons ou nous plaignons pour cacher notre vulnérabilité au lieu de dire nos besoins.

Selon le psychologue Stephen Karpman, nous jouons tour à tour 3 rôles principaux : la victime, le sauveur et le persécuteur. Or non seulement ces jeux finissent par nous épuiser, mais de plus ils sont le terrain préféré des manipulateurs !

Généralement, il (ou elle) commence par le rôle de sauveur. Il (ou elle) sera prévenant.e, attentionné.e, et fera de belles promesses. Puis il (ou elle) deviendra victime pour vous laisser le rôle du sauveur que vous jouerez à merveille (notre côté Saint Bernard…). Il (ou elle) deviendra ensuite votre persécuteur, à moins que vous n’endossiez vous-même ce rôle… Dans un cas comme dans l’autre, il y a toujours un perdant, voire deux…

Et n’oublions pas que nous aussi, nous jouons à ces jeux… Lorsque nous voulons « aider » l’autre sans qu’il n’ait rien demandé, parce que nous estimons qu’il a « besoin » d’aide. Ou lorsque nous nous comportons en victime : « je n’ai pas pu le faire parce que… » , « si j’avais eu des parents différents… », « si je vivais ailleurs… » sont autant d’arguments qui nous coupent de la responsabilité de nos vies. Quant aux innombrables « oui mais…« , ils ne font que renforcer des croyances qui rendent toutes initiatives de changement impossible.

Ces jeux pyschologiques ont été listé dans le livre « des Jeux et des Hommes » d’Eric Bernes, le père de l’analyse transactionnelle.

Ma vulnérabilité ? Une force ! Privilégier les relations authentiques

On le voit, pour ne plus se laisser manipuler et ne plus manipuler l’autre, il est nécessaire d’établir un nouveau type d’interaction et donc de se connaître soi-même. La vraie force, c’est d’accepter sa vulnérabilité et de renoncer à la fois à la toute puissance et à avoir raison à tout prix. Apprendre à s’aimer soi et s’accepter tel que l’on est.

Pour Jacques Salomé, psychosociologue « Ce n’est pas être faible ou fragile que de montrer sa vulnérabilité. C’est accepter le mouvement du laisser-aller, du lâcher-prise en soi. Le manque d’amour de soi a des conséquences directes sur nos relations avec autrui. Il se traduit par un manque de confiance, des doutes et de la méfiance, qui vont générer ou entretenir soit des relations à base d’appropriation et de possessivité, soit des relations de type persécuté-persécutant. Si je ne m’aime pas, je ne pourrai pas aimer, puisque je serai dans le besoin et l’exigence d’être aimé. » Il ajoute : « Je ne peux changer autrui, mais je peux toujours changer ma relation à lui. De même, je ne peux changer mon passé, mais je peux changer ma relation à mon passé et mon regard sur lui. Car si j’ai peu de prise ou d’influence sur ce qu’on a fait ou pas fait de moi, je suis bien responsable de ce que je fais avec ce qu’on a fait ou pas fait de moi »

Il s’agit de se libérer de nos peurs dont une des plus importantes est sans doute la peur du jugement et du regard de l’autre.

C’est la peur d’être manipulé qui nous rend méfiant et nous pousse à porter un masque. Oser être soi revient à privilégier les relations authentiques. Oser la vulnérabilité, c’est accepter la vulnérabilité de l’autre. S’aimer soi, c’est être en mesure d’aimer l’autre pour ce qu’il est.

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J’ouvre les yeux et j’arrête de me soumettre et je reprends ma liberté

J’ouvre les yeux et j’arrête de me soumettre et je reprends ma liberté

Manipulateurs, harceleurs, pervers narcissiques… des mots qui reviennent de plus en plus souvent dans les conversations, l’actualité et sur les réseaux sociaux. Thème à la mode ou réel problème de société ?

Qu’il s’agisse de relation sociale, de publicité ou de politique, les manipulateurs sont partout, parfaitement intégrés à la société, et leurs techniques sont parfaitement rôdées.

Cependant, doit-on voir de la manipulation partout au risque de voir l’autre comme un prédateur potentiel ? La manipulation est-elle toujours négative ou peut-elle être bienveillante, partant d’une bonne intention ?

 

Au fait, c’est quoi la manipulation ?

D’après le Larousse, manipuler, c’est « l’action d’orienter la conduite de quelqu’un, d’un groupe dans le sens qu’on désire et sans qu’ils s’en rendent compte » ; et à l’origine du mot : manipulare, ou « conduire par la main ». Alors qu’est-ce que la manipulation ? Un truc bienveillant ou totalement pervers ? Et si la vérité était entre les deux ? Car où commence et où s’arrête la manipulation ? Utiliser les mots et les regards qui touchent l’autre pour convaincre, c’est déjà de la manipulation. Se parer de ses plus beaux atours pour séduire, c’est aussi de la manipulation et pourtant, dans les 2 cas, l’intention est louable. Persuasion, influence, diplomatie, éloquence, autorité, charisme, magnétisme, séduction, propagande, emprise, intox, conditionnement, bourrage de crâne… Les synonymes ne manquent pas. Ce que nous entendons ou interprétons est fonction de notre histoire et de nos expériences de vie. Sofia, jolie maghrébine de 32 ans née en France, ne supporte plus qu’on lui dicte sa conduite ou la moindre allusion à ses origines. « Toute ma vie j’ai fait ce que ma famille et la société attendaient de moi. Si je gagne de l’argent, je dois le donner à ma famille et quand je cherche du travail, je ne suis jamais la première sur la liste. A force d’entendre parler de mes ‘’devoirs’’ envers ma famille et ma communauté et de voir l’image dégradée des arabes, j’en étais arrivée à croire que j’étais inférieure aux autres. Que ce que je voyais n’était pas pour moi et que je ne pourrai pas réaliser mes rêves. J’ai eu du mal à m’affirmer, à me dire que j’avais le droit de gagner de l’argent en faisant un métier qui me plait, le droit de parler… J’ai fait un gros travail sur moi pour me débarrasser de ces croyances…  ». Car c’est bien de croyances dont il s’agit. Se croire incapable de réussir, se croire trop grosse, trop maigre, moche ou bête, croire que nous devons faire ou dire telle ou telle chose ou nous conduire de telle ou telle manière pour être aimée, croire que nous avons besoin de quelqu’un pour être heureuse, ne correspond pas à une réalité mais à une croyance et les manipulateurs jouent avec nos faiblesses pour obtenir ce qu’ils attendent.

Quand le prince charmant se transforme en crapaud…

A vouloir croire à l’existence du prince charmant et aux contes de fées il arrive que nous laissions la porte grande ouverte au grand méchant loup : le pervers narcissique. Celui qui nous enjôle (en-geôle ?), nous hypnotise et tisse sa toile jusqu’à nous soumettre à sa volonté et à ses caprices. Nous sentons bien que quelque chose cloche, mais nous refusons de le voir, persuadées que nous pouvons le changer et qu’il nous aime (d’ailleurs, il l’a dit…!). Aurélie, 50 ans, témoigne : « Frédéric a toujours été infidèle et je l’ai accepté. Par amour d’abord, puis pour les enfants et parce que je pensais qu’il finirait par changer. Et puis j’ai eu un cancer du sein. Trois jours avant l’opération, il est parti au milieu de la nuit, sans rien dire… J’ai découvert par la suite qu’il allait rejoindre une femme avec laquelle il avait une relation depuis 10 ans ! C’est là que j’ai pris la décision d’agir. Avec le recul, je dois bien admettre que même si le comportement de mon mari a été dégueulasse, c’est une relation que j’ai acceptée pendant des années… ! Il m’a menti et je voulais le croire… j’aurais du réagir plus tôt, avant de tomber malade. Mais j’ai fermé les yeux et je me suis menti à moi-même pour me persuader que je pouvais le changer… Il a fallu le choc de la maladie pour que je me réveille… » Pour Aurélie, le réveil a été rude, mais en définitive, elle n’a été victime ‘’que’’ d’une manipulation ordinaire… Un gros et long mensonge. Pour d’autres femmes, le chemin s’est avéré plus violent. Comme Mathilde, 32 ans, qui dit avoir subit un « lavage de cerveau » de la part de son mari. « Régis était parfait. Quand je l’ai rencontré, j’avais 19 ans et lui 23. Il m’écoutait, me soutenait, semblait me comprendre… Tout avec lui était simple et lui, il disait que je le tirais vers le haut, que je le réconciliais avec la vie, lui qui avait manqué d’affection pendant son enfance… Une petite voix en moi me disait que quelque chose n’allait pas… c’était trop parfait…mais j’ai préféré croire au conte de fée… Petit à petit, il est devenu injuste, méchant, puis violent et à chaque fois, il revenait vers moi, s’excusait, redevenait adorable. Je pensais que j’étais la seule coupable, que je n’étais pas à la hauteur… Comme il a éloigné mes amis, ma famille et je n’avais plus personne à qui parler et d’ailleurs, j’avais trop honte… Quand on sortait, il était tout plein d’attentions à mon égard mais il trouvait un moyen de me ridiculiser en public, l’air de rien… De retour à la maison, tous les prétextes étaient bons pour une scène… Les sorties étaient une source d’angoisse pour moi. Je ne savais plus ni comment m’habiller, ni comment me tenir, ni quoi dire. Les gens qui nous recevaient devaient avoir une image horrible de moi… »

Je me soumets, tu me soumets, je te soumets, nous nous soumettons… On arrête de jouer !

La manipulation fait partie de notre vie. Elle est étroitement liée à la communication et à la façon dont nous interagissons avec notre entourage. Je me soumets parfois par amour, parfois par la force et parfois inconsciemment.
La publicité qui me vend du café, un parfum ou une boisson énergisante en jouant avec mes émotions et mes valeurs (le voyage, l’énergie, l’action, le luxe, la beauté ou l’amour), me manipule. Le parent qui promet une récompense à son enfant pour l’amener à travailler ou à ranger sa chambre, le manipule.

En enrobant et en travestissant nos propos au lieu de dire les choses telles que nous les observons et telles que nous les ressentons, nous créons un scénario de manipulation.

Marie, 39 ans, confirme « Je me sentais frustrée. J’avais l’impression que mes envies et mes besoins ne comptaient pas… et puis j’ai pris conscience grâce à un séminaire de développement personnel, que je n’exprimais pas mes besoins ou que je les exprimais mal. Depuis, j’ai appris à mieux communiquer avec mon compagnon et ma famille. J’exprime simplement et clairement ce que je veux et non ce que je ne veux pas. Il nous arrive bien sûr de ne pas être d’accord mais ça donne lieu à une discussion et non à un conflit. A partir du moment où j’ai pu exprimer mes besoins, je n’ai plus ressenti de frustration ou de colère et je n’avais plus le sentiment de me soumettre à une décision injuste. Et comme j’écoutais aussi les besoins d’Adrien, il ne se sentait plus agressé ou manipulé. Ca nous a donné la possibilité d’échanger sur ce qui était important pour nous, ça nous a aussi rapproché ! » 

En arrêtant de « jouer », nous retrouvons notre parole et le pouvoir de dire « oui » ou « non ». Et lorsque nous disons « oui », il s’agit d’un vrai « oui » et non d’un « bon, d’accord ». En ne jouant plus, nous redevenons authentiques, allignés. Nous ne nous soumettons plus ni à nos propres croyances, ni à la volonté de l’autre.

Garde malade ou amante et complice ?

Un autre exemple ? Jean-Maurice est malade. Pas hyper malade ! Juste un peu malade. Vous voulez sortir, bouger, marcher. Vous êtes dans une belle énergie que vous avez envie de partager, car le couple, c’est surtout ça : un partage. Mais Jean-Maurice est malade. Bien sûr, il souffre. Et ça vous embête. Un peu par empathie et surtout par ennui, disons le. Car tous ces bobos vous ennuient. Mais vous êtes une fille bien élevée et on vous a appris le don de soi et l’abnégation. Alors vous oubliez vos envies et vous restez là, à écouter les plaintes de Jean-Maurice qui a l’air d’avoir 8,5 ans. Vous lui préparez une tisane, vous le chouchoutez et vous pensez que dehors, il fait beau… Vous ruminez la situation… vous pensez à tout ce que vous pourriez faire, auriez pu faire, n’avez pas fait… Et en fin de journée, vous vous sentez frustrée, voire en colère et tous les prétextes sont bons pour déclencher un conflit, car vous lui en voulez… Votre « oui » était un « bon, d’accord ».

Essayez dans ces cas là de dire ce que vous voulez, sans agressivité, sans colère. Et si Jean-Maurice a besoin de prendre soin de lui, qu’il le fasse… sans vous, puisque vous n’en avez pas envie. Et faites ce que vous voulez faire. Et lorsque vous rentrerez, partagez avec lui les plaisirs que vous avez vécus et nons les frustrations.

Redevenez la princesse que vous étiez, petite. Devenez une déesse et si ça se trouve, les bobos de Jean-Maurice disparaîtront comme par enchantement… 🙂

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Interview video : Christophe Carré

Interview video : Christophe Carré

Paru en novembre 2017 aux Editions Eyrolles : Caprice, chantage, mensonge… Que faire avec un enfant qui vous manipule ?

Un enfant qui manipule ses parent ou ses proches le fait parce qu’il souhaite obtenir quelque chose d’eux de façon détournée ou parce qu’il préfère éviter les conséquences de certains de ses actes. Cette attitude est souvent motivée par la peur. L’enfant n’ose pas ou ignore comment exprimer clairement ses ressentis.

Face aux manipulations de leurs enfants, les parents sont déstabilisé et leurs réactions ne font souvent qu’attiser les problèmes. Ce livre permet de mieux comprendre ce qui se joue dans les relations qu’ils entretiennent avec leurs enfants.

 

 

La manipulation, un acte d’amour ?

La manipulation, un acte d’amour ?

Christophe Carré est auteur et conférencier spécialiste en prévention et règlement des différends et des dysfonctionnements relationnel. Depuis 20 ans, il travaille sur la relation. Pour lui, que ce soit « Par maladresse, intérêt, perversion ou bienveillance, la manipulation est partout et prend de plus en plus de place. Tout le monde manipule tout le monde ! » et c’est parfois un bien.

Quel est votre parcours ?

J’ai un premier épisode de vie où j’ai été enseignant en classes maternelles, avec des petits qui, eux, n’ont pas de problèmes de relation et de communication, puisqu’ils ne sont pas coincés par tout un tas de croyances, de valeurs, de préjugés ! J’ai aussi enseigné en écoles élémentaires, en lycées et puis j’ai ressenti un manque et j’ai repris des études.

Je me suis tourné vers la communication et l’information. Pour la communication, j’ai tout de suite été séduit par le mouvement de Palo Alto, l’approche systémique qui aborde un sujet dans son ensemble et en tenant compte de l’environnement. La communication, n’est pas juste une question d’émetteur et de récepteur où on échange des contenus rationnels. C’est aussi de l’émotionnel, de l’écoute, de la présence. Et je me suis aperçu que ce n’était pas aussi évident que ça.
De plus, aujourd’hui nous faisons face à une telle masse d’information qu’il est de plus en plus difficile de faire le tri et de l’assimiler, ce qui rend la communication extrêmement difficile, et cela impacte directement nos relations.
En tant que médiateur et j’ai pu constater qu’il y a beaucoup de dysfonctionnement que ce soit dans le couple, le travail, ou pendant la vie étudiante.

Vous avez écrit un livre sur la manipulation où vous prenez le contre-pied de tout ce qu’on peut lire aujourd’hui

Aujourd’hui, beaucoup d’auteurs font de la manipulation une entreprise diabolique où on a d’un côté le méchant manipulateur et de l’autre le pauvre manipulé, c’est très en vogue. Or la manipulation, du point de vue de la psychologie sociale c’est quelque chose qui est étudié depuis bientôt 100 ans et qui n’est pas aussi dramatique qu’on pourrait le croire. En fait il y a plusieurs formes de manipulation et toutes les manipulations ne sont pas intentionnelles, méchantes et destinées à faire mal à l’autre ! Souvent, c’est aussi la solution qu’une personne trouve à un moment pour se sortir d’une situation. C’est souvent du à des maladresses ou à de l’ignorance. On ne sait pas comment faire autrement… On a peur d’affronter un refus ou d’entrer dans la relation ou se dire que l’autre peut être blessé si on lui dit les choses directement et du coup, c’est plus simple de le manipuler.

Vous dites qu’il y a 4 types de manipulation…

Oui, parce que toutes les manipulations ne sont pas au même niveau.
La première forme de manipulation qui me paraît la plus courante et qu’on oublie souvent, c’est la manipulation par maladresse ou par ignorance. Par exemple, une personne qui utilise un moyen détourné pour obtenir ce qu’elle veut soit parce qu’elle a peur de la réaction de l’autre, soit parce qu’elle ne veut pas le blesser.

La deuxième forme est la manipulation intéressée, celle de la société de consommation ; par exemple, le vendeur ou la publicité qui vous amène à acheter un produit en utilisant des techniques de ventes basées sur l’émotionnel, mais sans intention de nuire. Les marques de parfum par exemple ou de voitures…

La troisième forme est la manipulation perverse, avec les pervers narcissiques dont tout le monde parle à tel point qu’on a l’impression qu’on ne peut pas sortir sans en rencontrer un, mais qui heureusement n’est pas si fréquente ! Celui-là a un seul but : détruire…

Et enfin, la quatrième forme est la manipulation bienveillante. Celle que l’on utilise avec l’intention d’aider l’autre et qui profite à la personne manipulée. Par exemple le subterfuge utilisé pour l’ami qui a trop bu et qu’on veut empêcher de conduire ou la grand-mère qui ne veut pas boire en plein été… Parfois la manipulation peut être douce et centrée sur le bien-être de la personne qu’on manipule…

Dans le cas de la manipulation perverses, la victime est-elle consciente de ce qui se joue ?

Pas immédiatement car la manipulation utilise vos failles. Le pervers utilise vos propres automatismes. Il observe votre façon de fonctionner, cherche ce qui a pu vous manquer dans le regard des autres… Vous avez construit depuis votre petite enfance tout un tas d’attitudes et de comportements qui lui permettent de déceler que vous êtes une personne fragile qu’il va pouvoir manipuler. C’est un ‘’travail’’ qui s’étend sur le long terme avec beaucoup de stratégies comme trouver des ressemblances, des points communs. Ca commence par une entreprise de séduction puis de déstabilisation, l’alternance du chaud et du froid… Au bout du compte, quelque chose s’installe dans la relation d’un type bien particulier où finalement la victime contribue à sa manipulation.

Que peut-on dire aux personnes qui se sentent victime de manipulation ?

La meilleure aide que l’on puisse apporter, c’est de les amener à sortir du statut de victime en leur donnant des clefs et des moyens, sauf que lorsqu’on a instauré un modèle relationnel depuis des années et que l’on fonctionne comme ça, c’est difficile et ça demande du temps. C’est un travail sur moi-même. Dire aux gens qu’en lisant un livre ou un article on va pouvoir radicalement changer les choses, est un mensonge ! Ce n’est ni aussi simple, ni aussi court que ça. Selon moi, ça demande un accompagnement, une aide de quelque nature que ce soit et un travail qui suppose de la souffrance parce qu’il va falloir aller gratter là où ça fait mal… Et c’est pour ça que certaines personnes sont tellement dans la souffrance, parce qu’on ne leur donne pas les bons outils…

Comment on en sort ou comment on l’évite ?

En arrêtant de jouer. En travaillant sur ses zones d’ombres. En se prenant en charge pour retrouver son équilibre. Pour moi, ce qui est essentiel, c’est la lucidité. L’observation. Ensuite, écouter ce que votre corps vous dit. A chaque fois que vous êtes dans une relation toxique ou négative, vous le sentez dans votre corps. Et plus vous vous entrainez à ressentir, plus vite vous allez repérer et prendre conscience de ce qui se joue dans la relation. C’est difficile d’observer, parce que ça demande de débrancher ce côté pilotage automatique qui est la porte ouverte à tous types de manipulation ! Pourquoi je me laisse manipuler ? Parce que je laisse fonctionner mon pilote automatique et l’autre sait quelle réponse je vais donner quand il va actionner telle ou telle stratégie.

Le corps est le siège des émotions. Il faut l’écouter et ce qui est très important, c’est l’action. Je ne reste pas sans rien faire, mais je ne fais pas non plus des actions désordonnées qui pourraient me porter préjudice. J’agis en conscience en tenant compte de mes ressentis. Une fois que j’en ai pris conscience je vais pouvoir passer à l’action, dire mes besoins, en adoptant la bonne stratégie pour arrêter le jeu.

Ca a l’air simple et pourtant beaucoup de changements échouent…

Oui, parce que beaucoup de personnes espèrent que le changement va venir de l’autre, d’un atelier, d’un livre, de quelques séances de thérapies… avec un coup de baguette magique… Mais s’il n’y a pas de véritable travail personnel, il n’y a pas de changement… Il y a aussi ces ‘’commerçants’’ malhonnêtes, vendeurs de rêves, qui vous disent « vous avez un problème, j’ai la solution » et qui vous manipulent ! Et on oublie le développement relationnel. Parce que finalement on se développe parce qu’on chemine avec d’autres et que les autres vont nous aider à avancer.

Paru en février 2017 : La Manipulation au quotidien, la repérer, la déjouer et en faire bon usage
Paru en novembre 2017 : Caprice, chantage, mensonge… Que faire avec un enfant qui vous manipule ?
Il est également l’auteur de Sortir des conflits, Obtenir sans punir et Aimer sans violence.
Pour en savoir plus sur Christophe Carré, consultez son site

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