Que ta parole soit impeccable…
Il faut se méfier des mots…
Miguel Ruiz, dans le premier des 4 Accords Toltèques, compare la médisance et les mensonges à de la magie noire car les mots créent les pensées et les pensées créent les comportements…
Les mots que nous entendons, les mots que nous adressons à nous-mêmes, les mots que nous adressons à d’autres s’insinuent progressivement dans tout notre être, de façon pernicieuse, sans même que l’on s’en rende compte.
Qu’un enfant entende un jour qu’il/elle est « nul en maths » ou qu’il/elle « chante faux » et une croyance s’installera, l’empêchant de progresser en maths et/ou de chanter. Il lui faudra du temps pour retrouver la confiance et se dissocier de cette croyance. Pourtant combien de fois avons-nous entendu dans notre enfance de ces mots qui blessent : « tu es paresseux ! », « tu es sale », « tu ne comprends rien ! », tu n’écoutes jamais rien »…
« Choisis un vrai métier », « tu ne gagneras jamais ta vie avec ça », « On les voit les artistes ! Ils ont du mal à joindre les 2 bouts… ». Vous les avez entendues ces phrases qui ont eu pour effet de vous éloigner de vos rêves ?
Et puis il y a aussi les avis du quotidien… Vous vous réveillez en pleine forme et un peu plus tard dans la matinée, un collègue vous trouve une mine fatiguée… Et ceux qui glosent d’autrui, médisent et répandent des rumeurs. Ceux, toujours en colère, qui vous polluent l’esprit de leurs appréciations négatives et critiques en tous genres…
Les mots caressent, les mots bercent, et les mots blessent…
« T’es trop nul », « Tu sers à rien », « j’y arriverai jamais » , « c’est pas pour moi », « c’est trop tard »… Autant de mots qui s’inscrivent à la longue profondément dans notre chair, dans nos cellules, dans nos pensées et qui génèrent des actions ou pire : des non-actions. Quoi de plus pernicieux et de plus toxique que ces mots qui créent un amalgame entre des comportements (pas toujours au top) et une personnalité (qui est ce qu’elle est) ?
La langue perd de sa richesse et sous prétexte « d’aller plus vite » nous faisons des raccourcis dangereux. Est-ce que je veux dire à telle personne qu’elle est nulle ou que son comportement n’est pas à la hauteur de ses capacités ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit : juger l’autre dans ce qu’il/elle EST au lieu de pointer des actes, des mots ou des comportements. De plus, cette façon de juger l’autre brouille notre vision de qui il/elle est réellement puisqu’elle focalise notre attention sur un point unique, vu à travers notre filtre personnel.
Et si nous nous aimions pour ce que nous sommes au lieu de ne pas nous aimer pour ce que nous ne sommes pas ?
Imaginez que nous nous disions ce que nous aimons au lieu de dire uniquement ce que nous n’aimons pas ? Imaginez que nous mettions du coeur à envoyer de vraies marques d’attention.. A quoi ressemblerait le monde ?
Il ne s’agit pas de vivre dans un monde de bisounours où chacun fermerait les yeux sur les « défauts » de l’autre, mais de trouver un juste équilibre qui permette de dire les choses sans agresser. Car une parole impeccable, c’est dire aussi ce qui ne va pas pour éviter tout malentendu et toute source de frustration.
Quand la banalisation prend le dessus…
Quand la banalisation prends le dessus, on se retrouve avec des situations inacceptables qui sont pourtant jugées sans gravité. Je pense (entre autres) au canular de Cyril Hanouna en mai dernier. Que l’animateur soit ou non homophobe n’est pas le débat. Que les associations qui se sont mobilisées contre lui n’aient pas joué en la faveur des LGBT, n’est pas le sujet de ce billet non plus. Ici, je ne retiendrai que les conséquences du canular. Conséquences pour ce jeune de 19 ans qui s’est fait piégé à la TV et que son père a reconnu avant de le mettre à la porte. Conséquences au niveau émotionnel pour ceux qui se sont sentis insultés et humiliés par un jeu particulièrement stupide.
« C’est la vie », « on n’y peut rien », « que peut-on y faire ? », « c’est comme ça », « c’est pas grave », « y’a pas mort d’homme »… Faut-il qu’il y ait mort d’homme pour apprendre à communiquer et à respecter son voisin ?
Les mots sont banalisés. Les expressions ont perdu leur sens premiers à nos oreilles et le mental sait traduire (ce n’est pas ce qu’il/elle a voulu dire). Mais quand les yeux se baissent, que la gorge se serre et que le coeur devient lourd, on a beau se dire que ce n’est pas si grave, il restera pourtant une blessure. Comme une égratignure qui refuse de cicatriser… les mots restent gravés et les maux que nous tentons vainement de cacher sont là pour nous rappeler que quelque part, quelque chose nous fait mal… Quel est ce mot que vous avez (trop) souvent entendu et qui vous fait mal à entendre aujourd’hui encore ? Quel est ce mot ou cette situation qui vous met systématiquement en colère ou vous rend triste sans que vous ne sachiez exactement pourquoi ?
Parents, prenez soin de vos enfants !
Un enfant à qui l’on dit qu’il est paresseux, nul en maths, pas intelligent deviendra un adulte paresseux, nul en maths et pas intelligent car il créera cette croyance. Si on lui dit qu’il est moche, il se comportera comme quelqu’un de moche. Nous, parents, qui aimons nos enfants, qui voulons les protéger, les guider et les aider à grandir, nous sommes bien souvent les premiers à casser leurs rêves et à leur transmettre nos propres peurs.
Comment vous comportez-vous avec vos enfants ? « Tu es lent, dépêche toi ! », « Tu es méchant! », « Tu es paresseux », « Tu ne comprends rien ! », « Tu n’écoutes pas »… Vous êtes-vous déjà exprimé dans ces termes vis-à-vis de vos enfants ? Moi, oui… C’était d’ailleurs mon mode de communication jusqu’au jour où je me suis rendue compte que si je voulais aider mon fils, je devais devais changer, moi… Jusqu’au jour où j’ai réalisé qu’il était plus que temps pour moi de porter un regard différent sur la vie et sur mon entourage. Un processus long qui m’a demandé beaucoup d’efforts et d’humilité et qui est loin d’être terminé ! La bonne nouvelle, c’est que chaque petits changements a un impact direct sur nos enfants.
Apprendre à dire non…
Je vous invite à retrouver une parole impeccable. Mettez un anti-virus dans votre cerveau pour chasser le négatif. Bloquez les râleurs sur Facebook. Rappelez-vous des propos tenus par certains « amis »… Racistes, homophobes… Leurs mots expriment de la colère, de la peur, du mal-être… Certains ne partagent que ce qui ne va pas…
Tous les mots que l’on dit ou que l’on pense créent des croyances qui nous mènent au jugement. Jugement de l’autre et jugement de soi. C’est de ces comportements que nait la peur du regard de l’autre. Vous avez peut-être peur d’être jugé ? Se pourrait-il que cette peur vienne de la mémoire d’un jugement plus ancien ou de votre propre jugement ? Il ne faut pas vous en vouloir… Nous avons tous (ou presque…) été élevés pour penser comme ça…
Et si on pointait ce qui va ? Les réussites (parce qu’elles existent !), les découvertes, la beauté, l’intelligence, la compassion… Si on parlait de ceux qui contribuent à créer un monde meilleur ? Si on se regardait le matin en se disant « je t’aime et je suis fier de toi ! »
Essayez, vous verrez 😉